
Écrire les paroles d’une chanson peut être un véritable plaisir. Les idées se bousculent, les mots arrivent aisément comme disait Boileau, et les rimes s’enchaînent. Ce sont des moments de grâce bénis par les muses de l’inspiration dont il faut savoir apprécier la rareté.
Mais la plupart du temps, les choses ne se passent pas comme ça. On peine à trouver un thème, quand on en trouve un, on le trouve peu original, alors on s’agace, on s’auto-juge, on griffonne quelques vers qu’on va s’empresser de dénigrer avant de carrément les jeter à la poubelle.
Voici la technique de la terrasse de café, une technique originale, mais efficace pour ceux qui veulent secouer les puces de leur créativité.
Mettez-vous à la terrasse d’un café (mais n'importe quel lieu très fréquenté fera l’affaire). Prenez une consommation, sans quoi vous allez vous faire mettre dehors, et écoutez les conversations autour de vous. Le but de cet exercice est de vous extirper du confort bien trop douillet de votre table de travail pour vous plonger dans l’eau glacée de la contrainte.
Donnez-vous cinq minutes, dix maximum. Pendant ce court délai, ouvrez grand vos oreilles. Notez les expressions, les mots qui semblent être implaçable dans les paroles d'une chanson . Je ne vous dis pas de faire un verbatim de toutes les conversations, vous n’êtes pas greffier, mais de sélectionner ce que vous trouvez de plus original! Contentez-vous d’écrire sur votre carnet ou votre engin numérique l’expression imagée que votre voisin de gauche, qui parle aussi fort qu’un trader des années 80, vient d’employer.
Imaginons qu’il ait dit un truc du genre « Hmmm je le sens pas ce plan-là. Pour moi, il y a anguille sous roche !». Bingo! Vous avez ce que vous êtes venu chercher! Eh oui, avec une simple phrase comme ça, vous avez même une double ration d'originalité. « Je le sens pas ce plan-là » et « Il y a anguille sous roche ». Vous pouvez même utiliser uniquement un morceau de la première phrase « Je le sens pas » ou « Ce plan-là ». Et si vous vous dites qu’il n’est pas évident de mettre le mot « anguille » dans une chanson, souvenez-vous de ce vers tiré du magnifique La nuit je mens: « J’ai fait la cour à des murènes ». Si Alain Bashung a réussi à intégrer l’expression surréaliste « faire la cour à des murènes » dans son texte (co-écrit avec Jean Fauque), vous devriez être capable de gérer votre anguille.
À vrai dire, peu importe l’expression que vous allez choisir, le but de l’exercice, vous l'aurez compris, est de vous placer dans une position peu confortable, avec des mots que vous n’auriez jamais choisis. De la contrainte va naître la créativité car il va vous falloir intégrer l'expression dans des paroles, dans l'histoire que vous allez devoir raconter.
Une autre technique classique de contrainte en matière d’écriture est de prendre un mot au hasard dans le dictionnaire et de l’inclure dans son texte. Là encore, ce n’est pas toujours facile, surtout si on tombe sur le mot « Ornithorynque » , mais c’est tout le but de l'exercice.
À vous de jouer!
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